Les fabriques

Le saviez-vous ? Selon le Larousse, une fabrique est un petit temps, ruine ou autre construction de fantaisie servant à l'ornementation d'un jardin (particulièrement à l'anglaise) ou d'un parc paysager.

Les fabriques ornementales

Les Rochers Rousseau et Delille

Ces rochers contribuent au caractère pittoresque voulu par François-Frédéric Lemot à la Garenne. Il s’inspire ici des autres parcs à fabriques qu’il connaît et qui sont alors très en vogue, comme celui d’Ermenonville dans l’Oise. Plusieurs inscriptions gravées dans la roche invitent à la méditation. Pour le rocher Rousseau, situé près de la pergola, Lemot s’inspire d’une inscription du poète anglais William Shenstone (1714- 1763) gravée dans une grotte du parc d’Ermenonville.

François-Frédéric Lemot adapte le poème en remplaçant « fontaine » dans la version originale par « rivière », faisant ainsi référence à la Sèvre nantaise qui coule en contrebas.

Ô limpide rivière, Ô rivière chérie,

puisse la sotte vanité

ne jamais dédaigner ta rive humble et fleurie,

que ton simple sentier ne soit point fréquenté

par aucuns tourments de la vie,

tels que l’ambition, l’envie,

l’avarice et la fausseté.

Un bocage si frais, un séjour si tranquille,

aux tendres sentiments doit seul servir d’asile.

Ces rameaux amoureux entrelassés exprès,

aux Muses, aux Amours, offrent leur voile épais.

Et ce cristal d’une onde pure,

à jamais ne doit réfléchir

que les grâces de la Nature

et les images du plaisir.

Le rocher Delille porte quant à lui une citation extraite de l’ouvrage en vers Les Jardins de l’abbé Delille (1738-1813) faisant référence à la solidité de la roche « Sa masse indestructible a fatigué le temps ».

  • Le rocher Rousseau
    Le rocher Rousseau © M. Dubois
  • Le rocher Rousseau
    Le rocher Rousseau © M. Dubois
  • Le rocher Delille
    Le rocher Delille © N. Lescop

La grotte d’Héloïse

Cette grotte doit son nom à une héroïne du XIIe siècle, la jeune Héloïse prise de passion pour son précepteur Abélard, natif du Pallet.

Dans son chagrin, elle serait venue se réfugier sous ces rochers pour pleurer en secret, comme l’évoque une inscription dans le granite.

Il s’agit en réalité d’une mise en scène de Lemot, qui transforme ainsi la grotte en un lieu mythique invitant à la rêverie.

L’entrée de la grotte porte une inscription gravée dans la roche en 1813 et empruntée à un ami de Lemot, l’homme de lettres, Antoine Peccot.

Héloïse peut-être erra sur ce rivage,

Quand, aux yeux des jaloux dérobant son séjour,

Dans les murs du Pallet elle vint mettre au jour

Un fils, cher et malheureux gage

De ses plaisirs furtifs et de son tendre amour.

Peut-être en ce réduit sauvage,

Seule, plus d’une fois, elle vint soupirer,

Et goûter librement la douceur de pleurer ;

Peut-être, sur ce roc assise

Elle rêvait à son malheur.

J’y veux rêver aussi ; j’y veux remplir mon coeur

Du doux souvenir d’Héloïse.

  • Vers la grotte d'Héloïse
    Vers la grotte d'Héloïse © D. Pillet
  • La grotte d'Héloïse
    La grotte d'Héloïse © M.P. Guillou
  • L'entrée de la grotte d'Héloïse
    L'entrée de la grotte d'Héloïse © D. Pillet
  • Inscriptions
    Inscriptions © M.P. Guillou

L’édicule à niche

Cet édicule fait référence à une petite construction typique de l’antiquité romaine dans laquelle était logée une statue, le plus souvent une divinité protectrice. Bien qu’on ne connaisse pas le projet de départ de Lemot, des cartes postales anciennes permettent d’y replacer la statue de Cérès, déesse de la fertilité, qui se trouve aujourd’hui positionnée en face de l’entrée de la villa. Il s’agit d’un monument de brique et de pierre construit sur le modèle des constructions antiques recouvert d’un toit à deux pans et dans lequel est creusée une niche en hémicycle (en demi-cercle).

L'édicule à niche
L'édicule à niche © I. David

Le tombeau à l’antique

Cette fabrique achevée en 1818 se situe à proximité des bains de Diane . Elle est réalisée d’après des dessins attribués à François-Frédéric Lemot lui-même.

Sur le rocher, une inscription latine aujourd’hui disparue, « Et in Arcadia Ego, » c’est-à-dire :
« Moi aussi (je suis) en Arcadie » mettait directement le parc en lien avec l’Arcadie antique, région du centre du Péloponnèse considérée comme un lieu idyllique. Cette référence poétique incitait le visiteur à se souvenir du caractère éphémère de la vie et à profiter de chaque instant.

Les bains de Diane

Cet espace est aménagé par Lemot dès 1815. Ses berges sont plantées de charmes qui en font un lieu ombragé, propice à la rêverie. À la fois aquatique et minéral, il symbolise l’endroit où venait se reposer Diane, la déesse de la chasse.

  • Les bains de Diane
    Les bains de Diane © M. Dubois
  • Les bains de Diane
    Les bains de Diane © M. Dubois

La colonne de Madrid

D’après le récit de l’historien Édouard Richer (1792-1834) cette colonne proviendrait du château dit « de Madrid » construit par le roi de France, François Ier au cœur du bois de Boulogne près de Paris. Cette colonne serait donc, comme les statues antiques, un réemploi d’oeuvre originale dans le parc de la Garenne. François-Frédéric Lemot mentionne son existence dans ses notes sur l’entretien du parc en demandant à son régisseur de «remplir d’épines sèches les abords de la colonne de François Ier ». Dans le cadre de sa politique de préservation du patrimoine, le Département de Loire- Atlantique a fait restaurer récemment la colonne.

La borne milliaire et le montoir à l’antique

La borne milliaire est érigée dans le parc de la Garenne en 1813 d’après un dessin de François-Frédéric Lemot. Réalisée par un tailleur de pierre local, elle suggère l’existence d’une voie romaine tracée sous le règne de l’empereur Auguste et longeant la Sèvre. Cette fabrique est en fait une invention fantaisiste de François-Frédéric Lemot qui fait référence à la grandeur de l’Empire romain.

Non loin de la colonne se trouve le montoir à l’antique, grosse pierre qui permettait aux cavaliers de monter plus facilement sur leurs chevaux. Ce montoir suggère le départ du voyageur.

  • Le montoir à l'antique et la borne milliaire
    Le montoir à l'antique et la borne milliaire © H. Neveu-Derotrie
  • La borne milliaire
    La borne milliaire © M. Dubois

Le temple de Vesta

Achevé en 1823, le temple de Vesta est formé d’un temple rond entouré de 18 colonnes toscanes. Les colonnes toscanes se caractérisent par la présence d’un chapiteau avec un profil fortement bombé et d’une base de forme très épurée.

Le temple se situe au sommet d’une butte de rochers pittoresques rappelant l’emplacement du temple de Vesta de Tivoli, en Italie. On attribue l’un de ses premiers plans à l’architecte Mathurin Crucy (1749-1826). À l’image du temple de Vesta de Tivoli, Lemot projetait de se servir de l’eau des fossés de la route de Poitiers pour alimenter une petite cascade dans les rochers. Ce projet ne verra cependant jamais le jour. Le temple vient de faire l’objet d’une restauration complète.

Le temple de Vesta
Le temple de Vesta © M. Dubois

Le temple de l’amitié

Les grands amis de François-Frédéric Lemot, le collectionneur et créateur du musée-école de Clisson, François Cacault, et son frère Pierre-René, artiste, décèdent en 1805 et 1810. François-Frédéric Lemot envisage alors la construction d’un temple pour commémorer leur amitié. La construction commence en 1812, sur les plans de l’architecte nantais Mathurin Crucy. Précédé d’un portique de quatre colonnes doriques surmonté d’un fronton, le temple est achevé en 1824. Les héritiers Cacault n’y autorisent pas le transfert des cendres des deux frères. Aujourd’hui seuls François-Frédéric Lemot et ses descendants y sont inhumés.

Le temple vient de faire l’objet d’une restauration.

Le château de Clisson

En 1807, pris de passion pour le château médiéval qui fait face à la villa de l’autre côté de la Sèvre nantaise, François-Frédéric Lemot achète les ruines de cette ancienne demeure des seigneurs de Clisson. Il a alors à cœur de conserver le monument et l’intègre dans la composition de son jardin paysager. La vieille forteresse devient alors une nouvelle fabrique.

Le château de Clisson
Le château de Clisson © M. Dubois

Les statues antiques

Entre 1824 et 1825, quatre statues en marbre de l’époque romaine sont installées par François-Frédéric Lemot sur le domaine en référence à l’Antiquité : Cérès, déesse de la fertilité, Faustine, impératrice romaine, Esculape, dieu de la médecine et enfin un sénateur romain . Les bases en granite ont été réalisées sur place par le géomètre Joseph Gautret et positionnées dans le parc, afin d’offrir de nouvelles perspectives aux artistes.

  • Cérès © M. Dubois
  • Faustine
  • Empereur romain © I. David

Les ajouts modernes

Des copies de statues antiques, postérieures à la mort de François-Frédéric Lemot jalonnent la grande allée du tapis vert face à la villa.

La statue de Diane

La statue de Diane chasseresse accompagnée de son petit cerf est une réplique en fonte produite par la fonderie d'art Val d'Osne de la statue antique connue sous le nom de « Diane de Versailles ».

La statue originelle de Diane chasseresse est découverte en Italie dans la région de Nemi à proximité de Rome. Elle date du IIe siècle après J-C. Le pape Paul IV en aurait fait don à Henri II en 1556. La statue décore alors les jardins de la reine Catherine de Médicis à Fontainebleau jusqu'en1602, date à laquelle Henri IV la fait transférer au Louvre dans la galerie des antiques.

C’est sous le règne de louis XIV qu’elle déménage à Versailles dans la galerie des glaces. Enfin en 1798, elle retourne au musée du Louvre où il est possible de l’admirer.

Diane chasseresse
Diane chasseresse © H. Neveu-Derotrie

Atalante et Hippomène

Face à la villa, le parterre de pelouse est orné de part et d’autre, de deux copies de statues en fonte représentant deux jeunes adultes qui semblent jouer à la balle.

Il s'agit en réalité des répliques des figures d'Hippomène et Atalante réalisées en 1705 par les sculpteurs Pierre Lepautre et Guillaume Coustou (Paris, Musée du Louvre), pour le parc du château de Marly. Les statues originales furent installées dans un bosquet du jardin des tuileries de 1798 à 1940 avant d’entrer au Louvre.

Selon la légende du poète latin Ovide, Hippomène, pour battre à la course Atalante dont il était amoureux, jeta le long de la piste des pommes d'or ; celle-ci, s'arrêtant pour les ramasser, perdit et dut épouser Hippomène.

Atalante et Hippomène
Atalante et Hippomène © H. Neveu-Derotrie

Les fabriques contemporaines

La Pergola - Dan Graham

Créée par l’artiste américain Dan Graham en 1989, lors des ateliers internationaux du Frac, cette fabrique contemporaine de forme pyramidale, présente une treille envahie par la végétation, un miroir double face réfléchissant les alentours arborés et bâtis ainsi qu’un espace aquatique en son milieu qui semble vouloir poursuivre la Sèvre. Cette fabrique vient ici achever la promenade ouverte à l’entrée du parc par la première pergola, dessinée par Lemot lui-même. L’une et l’autre reflètent simultanément le naturel et l’artificiel d’un paysage aménagé et harmonieux. Ce décor invite le promeneur d’aujourd’hui à une expérience visuelle en continuité des rêveries historiques proposées par Lemot, il y a plus de deux cents ans.

  • La Pergola - Dan Graham
    La Pergola - Dan Graham © M. Dubois
  • La Pergola - Dan Graham
    La Pergola - Dan Graham © M. Dubois

La grande oblique haute d’Ivry - Jean Clareboudt

Initialement conçue comme étude pour une œuvre monumentale destinée à être installée à Ivry, cette sculpture a trouvé place dans le parc de la Garenne Lemot depuis 2010. Le tripode y joue de l’équilibre et du rapport de force entre les éléments et semble projeter vers les cimes hautes des arbres, la masse du terrain granitique. Entre suspension et ancrage au sol, l’oeuvre évoque une étrange proximité entre ciel et terre. Créer un mouvement à partir d’une installation monumentale et immobile, c’est la recherche qu’a menée Jean Clareboudt à travers une pratique singulière associant des éléments naturels (roche brute, bois) et industriels (plaques d’acier, poutrelles aciers).

L’appartement de l’artiste - Pascal Convert

Lors d’une résidence à Rome en 1990, l’artiste Pascal Convert occupe un salon de la villa Médicis. Dans le cadre de son projet artistique, il décide d’en recouvrir les parois par des plaques en verre, pour ensuite décalquer ce qu’il distingue en transparence. En prélevant l’empreinte des parois, Pascal Convert donne à voir« la doublure » de son salon. La même année, l’œuvre est démontée et installée dans le domaine de la Garenne Lemot à proximité de la villa.

Un dialogue s’établit alors naturellement entre l’architecture néoclassique de la villa et cette nouvelle fabrique qui se renvoient leur symétrie et leur régularité. L’emploi du verre et l’opposition du noir et du blanc créent un contraste entre l’installation et le cadre végétal qui l’entoure, ses reflets jouant avec son environnement.

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